vendredi 24 janvier 2014

Fille ou garçon. Et de la déception qui peut s'en suivre.


Je réponds aujourd'hui au billet publié par Marie-Les Aventures de Petite Bête sur les Vendredis Intellos.

J'aurai pu directement le commenter sur le blog mais j'avais tellement de choses à dire, et finalement des choses un peu plus perso, que j'ai préféré le faire ici même.

L'opinion de Marie est bien formulée, peut-être un peu stéréotypée et jugeante, selon moi, mais elle renvoie ses propos à des sources et éventuellement des pistes (ce que je trouve très bien!) pour réfléchir, pour aller plus loin lorsqu'on est face à cette situation à savoir: être déçue à l'annonce du sexe de notre bébé à venir.


De l'annonce à la déception.


J'en avais parlé une tout petit peu ici.
Je me souviens de ce jour, lors de ma deuxième échographie.
Mon quatrième bébé.
Nous avons toujours gardé le suspens pour la fin, on ne voulait pas connaître le sexe de nos enfants.
Enfin, surtout moi!
Cette fois là, j'ai vu, j'ai demandé si j'avais bien vu, donc oui j'avais très bien vu ... et puis voilà!

C'était un garçon.

Ce que j'ai pu ressentir à ce moment, je n'aurai jamais pu l'imaginer avant.
Déception, rejet.
Des mots très durs quand on parle d'un bébé.
Des mots qu'on ose même pas prononcer.

Je me suis sentie tellement moche, tellement médiocre avec toutes ces pensées noires.
J'en ai parlé un peu autour de moi et par chance, personne ne m'a jugé.
La plus jugeante envers moi, c'était moi-même.

Je ne remercierai jamais assez ces personnes (IRL et les autres) qui ont été là pour m'entendre, sans essayer de me rassurer ou d'argumenter avec des lieux communs.

Parce que oui, j'ai de la chance, je sais faire des bébés, sans problème, je sais les mettre au monde.
Oui, ce qui compte, c'est que ce bébé soit en pleine forme.
Oui, bien-sûr, c'est pas correct de préférer un sexe à un autre sexe.
Oui, on ne fait pas un enfant pour soi mais pour lui.

Toutes ces phrases, je me les suis repassées en boucle.
J'étais enceinte mais j'étais adulte.
Et surtout, j'avais assez de révulsion pour moi, pour m'envoyer à la figure, comme une grande, des arguments culpabilisants.

 

Rebondir.


Les sentiments négatifs étant là, j'ai pris les choses en main pour tenter de comprendre, ou tout au moins avancer.
Je ne pouvais pas rester ainsi.

J'ai pleuré des jours et des nuits, sans arriver à me comprendre.
J'avais peur d'avoir ressenti des choses qui pourraient faire du mal à mon enfant.

J'ai revu le gynécologue, j'ai vidé mon sac et pendant une heure et demi(encore merci), j'ai parlé, parlé, parlé.

Sur la table, cash, j'ai déposé les mots durs que j'avais eu pour mon bébé.
Les questions qui me venaient pour son avenir.

J'ai, dans la foulée, pris rendez-vous avec un haptonome.
Je voulais tout faire pour recontacter mon enfant, pour lui dire que j'étais ce que j'étais avec mes sentiments, mon histoire, mais ensemble, on allait écrire la sienne. Unique.
Et surtout, ce serait une belle histoire d'amour.

 

La naissance et la malformation.


J'ai continué ma grossesse de plus en plus sereinement.
J'avais mis en place des choses. J'arrivais doucement à être indulgente avec moi.
J'étais en chemin pour me pardonner.
J'ai développé, grâce à la préparation affective, un lien avec mon bébé.

Nous avons accueilli notre fils ensemble, un jour plein de soleil.
Ce fut un moment magnifique.

Le lendemain, au passage du pédiatre, j'apprends que notre enfant a une malformation bénigne (je précise) et opérable.
Le sort, ce petit comique.
Mon fils aurait pu naître avec les oreilles décollées ou avec une tache sur la peau.
Mais non, il est né avec une ectopie du testicule.
Voilà que le hasard (vraiment?) me renvoie une dose de culpabilité en plus.

A nouveau, je n'ai été que larmes et culpabilité.
Poussant l'idée à son paroxysme, j'ai même été vérifier quand exactement se formaient les testicules du foetus garçon, histoire de voir si les "dates" concordaient avec ma deuxième écho...


L'attachement.


Ma grande crainte était de ne pas pouvoir aimer mon enfant.
Je peux affirmer que, dans mon cas, les hormones de la naissance avaient bien fait leur job.

J'ai fondu d'amour pour lui dès le premier regard, j'avais le sentiment qu'on se connaissait déjà depuis longtemps.
Je me dis qu'être passés ensemble par cette étape douloureuse, a créé un lien tout particulier entre lui et moi.

 

La déception ne me quittera pas.


Tout ça pour ça?

Avec le recul et le vécu, avec le travail sur moi, j'y vois un peu plus clair.
Je sais plus ou moins d'où me vient ce sentiment, je peux mettre des mots dessus.

Aujourd'hui, je sais que mes sentiments négatifs n'étaient pas dirigés contre mon enfant.

Je reste à jamais déçue, malgré tout.

Je dois faire une croix sur un tas de choses, des choses qui vont bien au-delà de ce que j'appelle l'accesoirisation de la petite fille.

Je n'ai jamais désiré une fille pour des détails comme le rose, les robes ou les poupées.
Jamais voulu d'une mini-moi-même.


J'aurai voulu une fille pour pouvoir faire l'expérience d'être la maman d'une fille.
Parce que j'ai des choses à lui dire, lui transmettre.
Des choses qui en vaudraient la peine.
Parce que je ne connaîtrais jamais la fierté d'être la maman d'une fille, de la voir grandir, devenir femme, devenir, à son tour, mère (pourquoi pas?),... de l'accompagner dans sa vie de femme.

Parce que certains jours, je me sens seule au milieu de mes hommes.

Pour toutes ces choses, je reste déçue.

Je crois qu'il est bien réducteur de porter un jugement sur la déception des parents par rapport au sexe de leur enfant, on ne choisi pas les sentiments qui nous animent.
On les reçoit parfois en pleine face, sans les avoir demandé.
On ne les contrôle pas.
Quand ils sont douloureux, on tâche d'avancer et de faire avec.
La culpabilité qu'on s'afflige est bien assez difficile à surpasser.




PS : Simplement, MERCI aux bloggeurs qui oeuvrent pour les Vendredis intellos.

















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