L'élastique.

C'est le petit matin et je t'emmène pour la première fois.
Tu es minuscule, tu sembles bien plus petit que tes frères au même âge .
Nous faisons le chemin, à pied, main dans la main.
Tu sais, ce trajet qu'on connaît par coeur, parce que depuis ta naissance, tu nous accompagnes.
C'est une rue, pleine de courants d'air, la rue qui mène à la petite école.
Je t'assure que même couvert jusqu'au nez, quand tu étais tout petit, le vent te saisissait et te coupait le souffle.
Les yeux ronds et surpris, tu essayais de prendre ton inspiration.

Je te sers la main.
Un peu plus fort aujourd'hui.
Pas à pas.

Je me souviens de toutes ces premières fois.
Je voudrais tout imprimer.

Je voudrais rester et t'observer.

J'ai le coeur gros de cette autre étape.
Je sais que ça passera.

Tu grandis, je ne cesse de le dire et d'en prendre conscience.
Toi, le Baby.
A petits pas assurés, tu es plein de confiance.
Tu pars au devant de l'aventure.

Je te vois tout curieux et heureux de découvrir la classe.
Un petit tour près de la tortue d'eau, un repérage des différents jeux, ... et c'est dans la poche, tu es conquis.

Je te quitte, finalement et alors commence ce rituel de "l'au revoir", perché à la fenêtre.
Quand je passe, ton air étonné et tes petites mains tendues, font que pendant une fraction de seconde, j'ai envie de faire demi-tour.

Je refais le chemin seule et je te jure que, cette fois, c'est mon souffle qui est coupé.

Pas par le grand courant d'air de la rue mais coupé par ce petit élastique qui serre, au fond de la gorge de toutes les mamans du monde, quand c'est la première fois.