lundi 9 avril 2012

A toi qui n'est pas venu(e).

L'autre jour, je me suis surprise, au moment de citer toutes vos dates de naissances, à prononcer la tienne.
Ça ne m'était jamais arrivé...

La date de ton arrivée qui fut celle de ton départ.
La date qui a été celle de la naissance, un an plus tard, jour pour jour, de ton petit frère.



Certains t'appelleraient "la fausse couche précoce".

Moi, je t'ai appelé: le bébé qui s'envole.
Et quand nous comptons sur les 5 doigts de la main avec ton petit frère, toi, tu es sur l'annulaire.

Je l'ai sentie ta présence, comme j'ai senti ton départ.
Mon corps a eu mal, j'ai eu peur, j'ai saigné.
Tu n'es pas resté(e) bien longtemps.
As-tu senti tout notre amour malgré tout?
Je me demande à qui tu aurais ressemblé.
Tu devais être un poisson ou une fille d'avril.
Tu nous as quitté en août cette année-là, un mois de deuil, car tu n'es pas parti seul mon bébé, une autre est venue te rejoindre.
Soulagée de sa vie de souffrance.

Peu de personnes ont connu ta petite existence.
Ici, on en parle ... jamais.
Mais je t'ai dans mon coeur.
Le passage, aussi fugace soit-il, laisse quand même des traces.
Je vis cette fausse-couche comme un échec, une mission que je n'ai pu mener à bien, mon enfant que je n'ai pas su protéger.

La vie nous joue des tours parfois.
Je t'ai pleuré, je te pleure encore.
Je ne comprends toujours pas pourquoi.
Je sens souvent que quelqu'un manque, mais ça depuis longtemps.
Je compte et recompte les places à table, les assiettes, les bisous du soir.
J'en ai oublié un ...
Je cherche du regard celui ou celle qui manque.

Et toujours, le souvenir bien présent de ce rêve où j'égare mon enfant, où je ne me souviens plus de son prénom.

A peine le temps de t'avoir eu en moi, tu es parti(e).
Pourquoi?

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