jeudi 9 avril 2015

Dans les dents de la (ma) mère.

Je suis d'abord allée consulter une première psychologue. J'avais tellement d'angoisses et d'anxiété en moi, je ne gèrais plus.
Dès le premier entretien, on a parlé de ma mère.
J'ai du sortir un tas de trucs, pensant qu'au final, j'allais pouvoir mieux la comprendre, mieux l'aborder parce qu'on fond, c'est quelqu'un d'assez secret et de pudique.
Finalement, non, pas du tout, j'en suis sortie avec une colère sourde et amère contre elle.
Et j'ai pris mes jambes à mon coup, le jour où j'ai prononcé cette phrase, dans je ne sais plus quel contexte:  "je suis la mère de B." et qu'elle, la praticienne, a enchaîné par un "la merde?"
Comme le monde est petit, j'ai appris qu'elle avait sorti ce même lapin de son chapeau à une autre patiente.
Affaire classée pour moi... je me suis sentie trahie.

Je suis ensuite allée consulter une deuxième psychologue, on a encore parlé de ma mère (oui,oui c'est toujours sympa de faire un peu de surplace) mais on a aussi abordé autre chose : l'éventuelle grossesse gémellaire de MA mère qui aurait eu un impact sur mon anxiété.
Non pas que je sois hermétique à cette possibilité mais au final, quand est-ce qu'on parle de moi, moi seulement?
Et je fais quoi de ses informations, comment je les intègre dans ma vie de tous les jours?
Un an et demi a ressasser mon enfance, encore une fois, il y a de quoi parler, surtout si comme moi, on possède une excellente mémoire des détails.
J'ai lâché l'affaire au moment où ça devenait compliqué financièrement d'assumer les séances ( j'étais maman solo) et aussi parce que nous avions beaucoup (trop) d'échanges et que je commençais à avoir besoin de juste venir parler, déverser mon flot de pensées sans être interrompue. Mais j'étais tombée sur une praticienne "bavarde".
Bref, ça ne m'a plus convenu.

J'ai donc tenté un dernier essai, avec UN psychologue, et devinez ... on a parlé de MA mère.
Et moi, au lieu de m'apaiser et de lâcher prise je tenais une rancoeur, limite pathologique, à cette mère dont on avait eu de cesse de la décortiquer.

J'ai mis du temps pour effacer cette image de mère soi disant toxique et malsaine, des années...
Alors clairement, je crois que ma relation avec ma mère n'a pas été parfaite, elle-même n'étant pas une femme parfaite. Ceci pouvant expliquer un peu la source de mon stress, mon anxiété.
Mais pas tout, si?
Et c'est naïvement que je me pose la question.

Parce que si tel est le cas, on a un sérieux soucis sur notre lignée, on engendre des enfants mal dans leur peau, à cause de nous, et il serait donc temps, que nous (toutes les filles de la famille) nous fassions ligaturer les trompes. Evitons les drames à répétition.

Même dans mon entourage proche, je ne connais que des filles, qui quand elles sont dans une démarche de psychothérapie, sont également sous l'emprise négative de leur mère.



Un jour,je suis allée consulté une psychologue avec mon fil dès l'âge de deux ans, elle lui a parlé de SA mère.
(Dieu merci, on en avait fini avec la mienne.)
Enfin, on m'a posé tout un tas de questions sur quelle mère j'étais, et je me suis sentie moins qu'une merde pour reprendre l'expression de la première.
Un premier passage au crible, pour voir où est-ce que j'avais coincé dans notre lien.

Loin de moi, l'idée de mettre en doute le bien fondé de la démarche. Mais faudrait qu'on m'explique ou au moins qu'on soit un peu plus bienveillant quand on touche à notre intime relation mère-fille ou mère-fils dans le deuxième cas.
Qu'on nous donne des clés pour qu'après la tempête, la mer puisse se calmer (jeu de mots involontaire)
Il lui a quand fallu presque trois ans.
Presque.trois.ans.
Pour en revenir au point de départ : "tu as un problème d'attachement avec ton fils."
A cette heure, je n'en sais pas plus, si je suis trop attachée ou pas assez attachée.

J'ai l'impression qu'on nous donne la toute puissance de (mal) façonner et fonctionner avec nos enfants et que lorsqu'ils vont mal (et nous aussi), il nous en revient toute la responsabilité.
TOUTE, pas un PEU mais TOUTE.

"Vous devriez être plus ceci ou plus cela " ça c'est dans le meilleur des cas, on te donne des pistes à suivre mais pas vraiment de trucs concrets, des trucs qui pourraient déjà améliorer les prochaines 24 h avec son enfant.

Ou dans le moins bon scénario c'est : "voilà, j'ai assez travailler avec lui"
OUI? et après? Après rien, juste au revoir et merci.
Retour à la case départ.

Tout ça pour en arriver à dénoncer que sous le couvert de thérapies, de pratiques qui tentent de nous aider à avancer, en fait, (et ça n'engage que moi), on fait bien souvent du sur place.
Et moi avec tout ça, je n'ai aucun outil dans les mains pour aider mon enfant à mieux vivre.
On m'a vendu que me prendre moi-même en charge (sous entendu aller reparler de ma mère ? à une énième personne améliorerait de 50% les soucis de mon fils)
Je veux bien y croire (encore) et retenter le coup. Je ne dois pas être si mauvaise que ça au final, parce que j'en viens à douter de moi régulièrement.

Alors, oui, cette fois, j'irai encore parler de ma mère, leur dire tout ce que je sais déjà de ses forces et ses faiblesses.
Que c'est quelqu'un qui n'a pas eu la vie facile (enfant d'immigrés) mais qui s'en est bien tirée, la seule à avoir fait des études supérieures alors que ses soeurs faisaient des ménages à 15 ans. Elle s'est mariée et l'est encore avec mon père.
Elle a une espèce de fibre maternelle surdéveloppée, depuis toujours, je crois me souvenir qu' ado, elle accompagnait les malades à Lourdes. Elle était hyper présente pour nous, physiquement, bien que je n'ai jamais senti l'envie qu'elle soit ma meilleure amie ou confidente. Je pourrais raconter tout un tas de choses et en effet, parfois, je me dis qu'à sa place, j'aurais fait autrement et heureusement puisque nous sommes différentes.

Et si réellement, dans le cas de mon fils, le problème vient de moi, moi la mère, j'encaisserai sans doute, en espérant, ne pas en arriver à regretter, dans toute cette histoire, le fait d'avoir eu des enfants.





1 commentaire:

Aggie a dit…

C'est exactement ça. Les mères portent ce poids d'être le départ de bien des problèmes. Pas assez ceci, trop cela, alors qu'il y a tant de choses, tant de personnes, qui entrent en compte dans la "construction" de quelqu'un...