mardi 18 novembre 2014

Je n'avais pas de village.

" Je te l'ai dit, il y a 3 ans.
Mais tu n'as pas entendu"





Cette phrase, je dois l'encaisser et faire avec.
Cette phrase de la psychologue qui nous accompagne depuis 3 ans, mon enfant et moi.

Il a fallu que mon corps lache. Je l'ai d' ailleurs maudit, ce traître.
Pour que j'ouvre les yeux sur mon épuisement.
J'ai cumulé fatigue, pneumonie, grippe et puis enfin la maladie de Berger. Elle a eu raison de mon obstination.

Depuis 5 ans, je suis dans cette idée de réparation d'un bébé né prématuré, qu'on a séparé de moi (si peu...à peine quelques minutes) mais déjà à la maternité, je me suis mise à douter de moi, de cette mère incapable de garder un bébé où il faut, comme il faut.
J'ai senti l'accroche difficile entre lui et moi.
Sans cesse au bord du vide, vais-je y arriver ou vais-je tout foirer?
Tantôt l'intégrant comme mon petit, tantôt le considérant comme un étranger à adopter.
Notre duo a commencé ainsi.


Je me devais de tout faire, seule.
Je voulais le mieux quitte à en perdre de mes rêves et mon grain de folie.
Je n'ai rien vu, rien entendu.
De temps en temps, mon mari essayait de me faire voir les choses en face (mais nul n'est prophète en son pays)
Je ne voyais pas qui d'autre que moi pourrait me remplacer.
Qui aurait pu me venir en aide simplement, épauler la mère, lui rendre son quotidien moins rude?
J'ai tout misé sur les enfants. 


Avant...


J'ai tout réduit de ma vie d'avant, au simple et strict minimum.
J'aimais sortir mais je n'y avais plus goût. Je devais partir et revenir très vite, pour gérer la troupe, je m' en sentais responsable.
C'était moi, tout le temps, pour les siestes, pour les bains, pour les rendez-vous médicaux, les solutions de crèches , les solutions quand le bébé est malade,interdit de collectivité...
Les jours de congés posés pour soigner une gastro, une otite ou pour participer à une activité scolaire.
J'étais seule et j'ai pas voulu ça.
Je devrais dire, on était seul parce que leur papa était là, avec tous ses possibles malgré tout.

Je me revois , épuisée, à la fin de grossesse du Baby, dire et répéter, que je suis au bout de mes possibilités.
Et je ne vois rien venir.
Je me sens incomprise avec mes 2 petits qui attendent tout de moi et à qui je ne peux donner grand chose, tant ce corps est au bout du bout.


La grande solitude.


Je me suis à nouveau retrouvée dans les mêmes conditions après la naissance du Baby.
Personne autour de moi, personne pour pleurer ma déception, sa malformation.
J'ai abordé cela avec ma sage-femme, une fois. Puis plus rien.
J'ai continué ma route, seule avec mes questions.
Le temps n'a pas réglé les choses.
Seule, je me suis isolée, j'ai même été sans voiture pendant quelques semaines.
Entre un nouveau-né et un enfant de 2 ans à peine.
Mais là encore une fois, j'ai pris le contrepied en me disant que c'était un chance d' être auprès d' eux. Aveuglement, je m'enterrais.
Sauf que. Parfois c'était trop.


Trop dans la satisfaction immédiate et rapide de leurs besoins.
Trop dans l'envie de m'oublier moi et leur faire de la place à eux. A tout moment, n'importe quand.
Nuit et jour.
J'étais seule, pas d'aide pour souffler. Quand je sortais, j'emmenais au moins un enfant avec moi. Sinon, je culpabilisais.
J'ai délaissé mes envies de voir dehors et d'améliorer le dedans. 
Parce que j'avais l'urgence de les rendre plus heureux, satisfaits, comblés (et qu'ils m' aiment en retour?)




Le fil rouge de cette histoire, selon moi, c'est l'isolement, celui qui est bien réel et celui que l'on créé autour de soi.
J'étais seule, pas de mère disponible pour me transmettre des choses, pendant les premiers temps ou même se réjouir avec moi de ce qui se jouait dans ma vie avec mon nouveau-né, pas d'amies dispos pour me coller des baffes et me dire de me mettre moins la pression, pas de cousine, de soeur, belle-soeur, tata ou vieille voisine,...
Je n'avais que moi, croyant faire pour le mieux.

Pour m'accompagner, je n'avais pas de village*.








* "Il  faut tout un village pour éléver un enfant"

2 commentaires:

Agathe Tournesoleil a dit…

Je me revois tt à fait ds votre texte, car également sans village. Et un jour où je pleurais en marchant, je suis passée à côté d'une crèche et, allez savoir pourquoi, je suis entrée. J'ai été accueillie, consolée et on m'a proposé deux matinées par semaine pour souffler. (La crèche avait des créneaux exprès pour les mamans en congé parental ou en recherche d'emploi). La séparation fut dure (le petit avait 10 mois) mais salutaire !

mamande4 a dit…

merci pour ton expérience ♥
heureuse que finalement tu te sois trouvé une solution à défaut d'avoir un vrai village.
bonne continuation!